EADEV : L’environnement, l’agriculture et la politique pour le développement durable

Sans les données scientifiques probantes, aucune politique et aucun programme ne peut entrainer le développement

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Parmi les principales leçons tirées des expériences en matière de développement international à ce jour, il y en a une qui ressort clairement : les politiques publiques sont plus efficaces lorsqu’elles sont conçues et mises en oeuvre par les intervenants locaux. Ce fait s’applique aux politiques aussi bien nationales que régionales et internationales, y compris les objectifs de développement durable (ODD).



En l’absence de données et d’analyses propres au contexte, les politiques et les programmes, fussent-ils animés des meilleures intentions du monde, sont souvent déconnectés de la réalité vécue par les habitants des pays en développement. De plus, sans l’aide d’intervenants locaux, dont la tâche est d’en suivre de près la mise en oeuvre, les initiatives conçues avec le plus grand soin risquent à la longue de s’enliser, voire d’échouer lamentablement.



Les organismes subventionnaires reconnaissent depuis longtemps que, pour que la coopération aux fins du développement soit fructueuse, il faut que les partenaires de recherche se l’approprient, mais certains des organismes nationaux dans lesquels ils ont investi ne peuvent mener de front les recherches et les analyses continues dont les décideurs et les militants ont besoin pour améliorer les incidences sociétales au fil du temps.



Il s’est formé, en 2008, un groupe de bailleurs de fonds déterminés à aider les gouvernements avides de données probantes et de recherches au moment où ils s’efforçaient de mettre en oeuvre les objectifs du Millénaire pour le développement. Ces bailleurs de fonds savaient que les gouvernements avaient besoin d’aide et ils croyaient fermement que renforcer les organismes nationaux de recherche sur les politiques (ou les think tanks) mènerait à de meilleurs résultats en matière de politiques. C’est ainsi qu’est née l’Initiative Think tank (ITT), dont l’objectif est de soutenir les think tanks situés dans certains pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique de l’Ouest, d’Asie du Sud et d’Amérique latine.



L’ITT a appuyé 43 think tanks répartis dans 20 pays avec une combinaison de financement de base et de soutien technique. Dix ans plus tard, nous pouvons voir les résultats : des organismes de recherche plus solides, plus efficaces et, au bout du compte, plus durables qui sont mieux outillés pour fournir aux décideurs et aux autres acteurs du développement les données objectives dont ils ont besoin pour élaborer et mettre en oeuvre des politiques publiques éclairées.



Le financement octroyé par l’ITT a comblé l’écart entre le faible soutien de base offert aux think tanks et la demande sans cesse croissante envers des recherches de qualité contribuant à la prise de décisions politiques. Le soutien a permis aux think tanks participants de planifier à long terme, d’établir leurs propres priorités de recherche, de renforcer leur capacité de communication et leur interaction avec la sphère des politiques et de poursuivre des activités de recherche et de mobilisation qui sont adaptées aux possibilités et aux besoins à l’échelle nationale. Tous ces efforts les ont aidés à se positionner en tant qu’intervenants pertinents et ont renforcé les bases de leur durabilité.



Ces organismes ont participé à l’élaboration de nombreuses politiques publiques éclairées et contribué à mobiliser les citoyens à l’égard de multiples enjeux. Ils ont aidé le public à comprendre les plateformes électorales des partis au Guatemala, en Équateur et au Pérou et ils ont amélioré les politiques et les programmes entourant la lutte antitabac en Afrique de l’Ouest, l’utilisation d’engrais en Afrique de l’Est, ainsi que les changements climatiques et la politique sur les énergies renouvelables à l’échelle de l’État en Inde, pour ne nommer que quelques-unes de leurs réussites.



En plus du financement de base, les efforts de l’ITT pour renforcer la capacité de recherche sur les politiques ont facilité le travail de collaboration à l’échelle internationale. La plus remarquable de ces collaborations est Southern Voice, un réseau de 49 think tanks qui joue le rôle de plateforme ouverte afin d’intégrer, au dialogue mondial sur les ODD, les recherches et les analyses politiques fondées sur des données probantes menées dans le Sud.



Du 11 au 14 novembre 2018, plus de 250 représentants de think tanks, décideurs, bailleurs de fonds, chercheurs et parties prenantes aux vues similaires se réuniront à Bangkok pour célébrer les réalisations qui ont vu le jour depuis le lancement de l’ITT, il y a près d’une décennie. Au cours de ce troisième et dernier Échange de l’Initiative Think tank, les participants réfléchiront au sujet de ce que l’avenir leur réserve et de la façon dont ils peuvent contribuer à relever les défis futurs et discuteront de ces questions.



Bangkok est un endroit idéal pour ces discussions, en raison l’expérience de la Thaïlande dans la gestion des défis associés, par exemple, à la libéralisation des échanges dans les années 1990 ou ses efforts continus de déréglementation des industries des télécommunications et du pétrole. Le Thailand Development Research Institute (TDRI), un partenaire de l’Échange de l’ITT, contribue à relever ces défis depuis longtemps. Créé en 1984 grâce à une subvention de l’ancienne Agence canadienne de développement international, le TDRI est en mesure de cerner de nombreux cas d’influence sur les politiques publiques en Thaïlande. Ses recherches sur la radiodiffusion publique et les télécommunications, notamment, ont démontré la nécessité d’un équilibre sur le marché des médias, qui était dominé par des monopoles de la télévision par câble et satellite. Cela a mené à l’établissement du Thai Public Broadcasting Service et de la National Broadcasting and Telecommunications Commission.



La nécessité des recherches en lien avec les politiques est plus évidente que jamais. Les défis auxquels font face les sociétés, comme les changements climatiques, la migration et l’avenir du travail face aux changements technologiques, sont sans doute plus complexes qu’avant. Le besoin de données pour comprendre ces enjeux et cerner les solutions les plus efficaces sera plus important que jamais.



Les think tanks continueront à jouer un rôle crucial pour catalyser les progrès à l’égard des ODD, mais ils devront changer avec le temps eux aussi. Ils devront continuer à miser sur leurs recherches – et sur la crédibilité qui en découle – pour aplanir les différences, favoriser le dialogue politique et aider leurs sociétés à mieux comprendre les défis auxquels elles font face. En percevant leur rôle comme un rouage d’une entreprise commune plus large, les think tanks peuvent contribuer à cerner et à concevoir les meilleurs moyens, pour leur pays respectif, d’affronter un avenir incertain.



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